Blooming ground and Rising from its ashes
Les activités industrielles ont marqué, réorganisé et façonné leur territoire. Laisse très souvent lors de leur arrêt un paysage post-industriel qui renvoie une image négative avec des conséquences néfastes au niveau environnemental, sanitaire et socio-économique, qui pèsent sur les esprits avec un sentiment d’échec d’une industrie qui faisait pourtant la fierté de tous. S’il est nécessaire de garder une trace de leur existence, ne serait-ce que dans la perspective des usages futurs de ces lieux, il est indispensable de trouver un nouvel équilibre pour ces territoires.
Le code de l’environnement impose la mise en sécurité et la réhabilitation de ces sites d’exploitation industrielle ou agricole présentant des risques, mais cela n’a pas toujours été le cas. Face aux enjeux que constituent ces friches industrielles, de multiples solutions de réhabilitation existent, mais leurs conséquences sont parfois plus dommageables que la pollution elle-même. Parmi ces techniques, la phytoremédiation utilise des espèces végétales capables de contenir, extraire ou dégrader les polluants présents dans les sols. La nécessité de promouvoir ces techniques, capables de dépolluer ces sites et de ramener la vie dans des sols en train de mourir, est donc essentielle. Sur les territoires urbanisés, la pression foncière renforce le besoin de réhabiliter ces sites et amène les décideurs à choisir des techniques rapides et peu coûteuses face aux bénéfices à venir, mais il n’en est pas de même pour les territoires ruraux. Néanmoins, pour l’un comme pour l’autre, on peut se questionner sur le futur plus lointain de ces sites, du devenir de leur paysage post-industriel, de leur mémoire, leur identité, mais aussi sur l’artificialisation croissante de nos sols. A l’heure où l’on met en évidence l’importance d’un retour de la nature en ville et des espaces végétalisés, des corridors écologiques, de la perte de biodiversité et leurs conséquences, la phytoremédiation apparaît comme une aubaine dans une dynamique de reconversion de ces sites pollués. Entre la limite que constitue la temporalité et le manque de valorisation de la biomasse produite par la phytoremédiation, il s’agit de transformer ces contraintes en atout. La ressource renouvelable et disponible sur des périodes relativement longues, générée par ces procédés, permet d’envisager de nouvelles activités économiques basées sur sa transformation.
L’enjeu des techniques de phytoremédiation est avant tout écologique et sanitaire, afin de régénérer le site, et donc de réhabiliter le territoire. Il est clair que sans perspective économique il est plus difficile d’envisager le recourt à ces techniques. Peut-être faut-il penser la phytoremédiation comme un outil de développement du territoire qu’il est nécessaire de s’approprier dans une démarche collective pour espérer en révéler la valeur ajoutée. Les bénéfices seraient alors multiples et notamment économiques. Face à l’enjeu des sites et sols pollués, la plate-forme www.BloomingGround.fr a été pensé comme un outil participatif. Collectant un maximum d’informations en un seul lieu accessible à tous, ce site propose de découvrir, de comprendre, de se laisser convaincre par ces procédés mais aussi de trouver des informations nécessaires au développement de ces techniques. Ouverte au partage de connaissances et d’initiatives, son but est d’encourager de nouvelles collaborations, les procédés de phytoremédiation et d’inspirer de nouveaux modèles économiques. Ainsi le projet Rising from its Ashes, présenté ici, propose une initiative, parmi tant d’autres, valorisant ces plantes en tenant compte du contexte singulier d’une ancienne mine cévenole.
La phytoremédiation et la valorisation nécessaire de la biomasse générée sont donc une opportunité pour les territoires post-industriels. Elles permettent de préserver, redécouvrir, revaloriser les connaissances et savoir-faire traditionnels locaux à travers des techniques innovantes. Et symbolisent ainsi une certaine modernité résiliante, capable de régénérer un territoire ainsi que les notions d’identité, de patrimoine et de terroir qui s’y rattachent.