CONTEXTE
La société de consommation, pilier de la seconde ère industrielle, a fait fi des savoir-faire ancestraux. L’ artificialisation outrance — même la main d’oeuvre est robotisée — et une déconnection manifeste avec le vivant montre de façon flagrante ses effets pervers aujourd’hui : destruction des écosystèmes, des emplois et de-culturation. Cependant, cet état de fait a permis de faire émerger de nouveaux outils et de nouveaux paradigmes, nous autorisant aujourd’hui à questionner nos découvertes scientifiques et techniques récentes en les associant avec des savoir-faire en passe d’être oubliés. C’est ainsi que la Galalithe, par exemple, matériau au savoir-faire oublié, a tout son sens dans une société contemporaine, grande productrice de déchet laitier; C’est ainsi que les teintures grand teint, issues de déchets, devraient retrouver du sens dans une économie où le textile demande sans cesse à voir son esthétique renouvelé; C’est ainsi que les fientes d’herbivores, autrefois source première de pulpe de papier, devraient aujourd’hui trouver leur place dans ce monde si consommateur en eau et en agents blanchissants; etc, etc, etc. L’action Savoir(-)faire pour l’innovation frugale a donc vocation de mettre en lumière des innovations et des savoir-faire identifiés aux quatre coins du monde afin de trouver des débouchées aux ressources, contraintes, esthétiques et infrastructures locales sous-exploitées, afin d’aboutir à la formalisation de preuves de concept, aussi frugales qu’ingénieuses. Les projets développés par les étudiants ne sont que le point de départ d'un processus de recherche à développer conjointement avec le spectateur de l'ExpoAction qui participera à leur affinement en les adaptant à un contexte différent.
APPROCHE
Le studio s’est apuyé sur des cours théoriques capables de mettre en lumière différents savoir-faire en passe d’être oubliés, et comment ils pourraient apporter des réponses concrètes à des problématiques actuelles, par une synthèse de l’ancien et du moderne. Ces savoir-faire identifiés, les élèves, et en fonction d’un gisement et/ou d’un contexte donné, on su les appréhender dans la réalisation de preuves de concept, en groupe de deux ou trois. Ces aller-retours entre théorie et pratique ont été entrecoupés d’interventions ou de visites d’ateliers de personnalités prônant pour un retour à l’intelligence du faire. La résidence à la Réserve des Arts, une recyclerie dédiée principalement au monde de l’art et de la scène, a permis aux étudiants de l’EnsAD participants de profiter — en plus de l’expertise offerte par STU-DIO en termes de valorisation de savoir-faire, de gestion des ressources et d’ingénierie matériaux — des ateliers et des ressources offertes par la Réserve des Arts.
Les résultats du studios vont évoluer dans la plateforme S-F IF (sfif.tk) qui a vocation à mettre en avant des savoir(-)faire ouvrant des potentialités d’innovation frugale. Imaginée par Lucas Dauvergne de STU-DIO — en partenariat avec la Réserve des Arts — cet outil dresse le postulat que l’avenir est dans la mondialisation des innovations et des savoir-faire, la re-localisation des systèmes de production et une décentralisation de la valorisation des déchets. La plateforme permet d’appréhender la démarche développée par chaque étudiant et invite l’utilisateur à participer à son perfectionnement en l’adaptant à des contextes différents.